mardi 4 février 2014

Travail d'une nouvelle - (maturité fevrier 2014)

Je suis une auteur assez jeune dans l'écriture des nouvelles.
J'ai beaucoup d'idées, mais je ne sais pas comment je veux réellement les exprimer, alors, ça me prends du temps, et des essais. Beaucoup d'énergie, mais ça, de l'énergie, j'en ai souvent à revendre.

Et puis un jour, des choses se sont débloquées. J'ai commencé à participer à des ateliers d'écritures (notamment à la Convention Cocyclics). J'ai fini aussi par comprendre, à force de me lancer dans des romans et de commencer des réécritures, qu'en fait, ce que je pensais être des nouvelles avant n'en était pas.
Non pas parce que je n'arrivais jamais à les travailler (quoique ça aurait du me mettre la puce à l'oreille) mais parce que je racontais un roman dedans.

Quand j'écris, je suis pressée, je veux avancer. Quand je réécris, je prends mon temps, j'installe l'atmosphère, l'ambiance, la sous-intrigue, la sous-intrigue de l'intrigue secondaire, bref, je profite.
Et accessoirement, mon premier jet fait en général le quart du jet réécrit.

Ce qui signifie en fait que je n'écris pas vraiment le premier jet, je le vois plus comme une succession de scènes clefs. Mais sans liant, ni forcément de logique.
Quand je réécris, je veux que tout soit beau, bien écrit, et tende de toute son âme vers la fin (dont je n'ai pas forcément conscience lors de l'écriture).

Les nouvelles, ça permet de faire des cycles beaucoup plus rapproché, mais avec une limite. Et ça, je ne l'ai découvert que récemment.
Le fait d'avoir une limite de taille, ça change beaucoup de choses.

J'aime les mondes complexes et les intrigues encore plus épineuses. (même si j'ai souvent du mal à en faire réellement compliquée). J'aime jouer avec les présemptions du lecteur, j'aime rebrousser les clichés dans le mauvais sens du poils. J'aime beaucoup tout mélanger dans un récit, surtout ce à quoi on ne s'attend pas.
Bref, si dans un roman cosmopolite, on peut s'attendre à ce qu'un gamin scientifique et barjo soit le frère d'une guerrière fanatique, que leurs deux quêtes soient en fait des miroirs l'une de l'autre, dans une nouvelle, on passerait plus de temps à expliquer pourquoi, comment on en est arrivé là.
Parce qu'on est limité.

Écrire une nouvelle, c'est trouver la forme la plus juste, où, grâce à quelques sous-entendu, quelques situations, on peut faire visiter au lecteur un monde étrange, étonnant. Pour moi, ça veut dire aussi jouer beaucoup plus serré avec les clichés, ne pas s'appesantir, rester libre des carcans.

J'aime beaucoup lire des nouvelles, et pendant longtemps, j'ai cru que c'était parce que je ne savais pas en écrire. Je crois que c'est plus compliqué que ça. J'aime les nouvelles parce qu'elles ne font que suggérer, quand j'ai tendance à vouloir entrer dans les détails (moi, les détails ? Un comble !). Et du coup, je perds ce coté délicats, et ça devient lourd, trop peu, trop long.

Pour la première fois, j'ai l'impression d'avoir réellement travaillé une nouvelle, pour un appel à texte (début janvier, ça date un peu, mais...). C'est aussi amusant que je n'ai jamais été capable d'écrire aussi vite, alors que je l'ai réécrit intégralement trois fois.
Mais j'ai beaucoup appris. J'avais un coach (merci Takysis  <3 ) qui me disait "trop long" ou "ce passage-là, c'est bien, tu devrais mettre plus en avant ce coté là du texte". J'ai réfléchit sur le texte, puis, longtemps après que le texte soit envoyé, j'ai réfléchit de manière générale.
J'avais l'impression que c'était vraiment différent des autres fois où j'ai travaillé un texte.

Pourquoi ? Parce que j'avais osé réellement reprendre le fond de la nouvelle, la liste des scènes, que je croyais obligatoire pour comprendre l'histoire. J'ai accepté de changer l'histoire, pour la rendre meilleure (enfin, j'espère). Parce que, poussée par le temps qui filait  (et la deadline qui se rapprochait), je ne me suis pas horrifiée à l'idée d'abandonner un personnage pour en prendre un autre plus archétypé. J'ai accepté de laisser tomber tout détail ne servant pas l'intrigue. J'ai libérer cette nouvelle du carcan dans lequel j'essayais de l'inscrire.

Un mois plus tard, j'évite de réfléchir trop à cette petite nouvelle. Je pense que je suis un peu hors-sujet, mais pour moi, c'est réellement un apprentissage, plus qu'autre chose. Par contre, je m'estime être capable d'apprendre très vite. Alors j'ai commencé une nouvelle. Toute neuve. Sans contexte lourd d'un roman, dans sa première version (non terminée), elle s'est installée, elle-même, son carcan de contexte.
Puis je me suis étonnée de n'arriver à la rencontre que je voulais raconter qu'une fois les 3kmots dépassés.
Et là, j'ai compris que l'intro de la nouvelle, c'est ce qui faisait office de décor (et j'y avais raconté la vie de l'héroine avant, les conditions de la rencontre...). Ce qui est parfait pour moi, auteur, mais totalement inutile pour le lecteur (voir, mauvais).
(certains d'entre vous peuvent me dire "je te l'avais bien dit, nananananère", je m'en moque, j'ai souvent besoin par moi-même de comprendre en plongeant les mains dedans, mais aussi j'ai besoin de lire les explications des autres, mais chuuuut...)

Après quelques hésitations, j'ai enfin trouvé comment démarrer correctement cette histoire, comment placer le contexte sans que cela deviennent trop lourd. Bon, ça ralentit considérablement mon rythme d'écriture, de faire cinq version de la même scène en râlant qu'il y a un quelque chose que je ne comprend pas, qui ne va dans aucune des versions. Mais en même temps, si c'est pour avoir une sixième version qui me redonne confiance, je dirais pourquoi pas, non ?

Je ne doute pas que si je suis mes résolutions : à savoir, écrire une nouvelle travaillée par mois, je devrais faire un autre point d'ici l'année prochaine où je trouve cette approche assez grossière et assez lourdaingue.
Mais jusque là, c'est un témoignage de ce que je pense clairement. C'est la manière dont je vois mon écriture, pour des nouvelles.

2 commentaires :

  1. Takysis est un très bon coach, je suis heureux que tu aies trouvé un bon démarrrage pour cette histoire ;)

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    1. Takysis est la première personne que j'ai eu en "bêta-lecture" (même si ça n'y ressemblait pas beaucoup) avec autant d'aller et retour sur un même texte.
      J'ai posté sur Cocyclics ou Co-lecteurs des romans ou quelques rares nouvelles, mais ce n'est pas le même type de retour.

      Et cette fois, j'ai l'impression d'avoir plus appris que les autres fois ! (même si le cycle de bêta-lecture que je fais sur Colecteurs pour un roman devrait m'apprendre pas mal de choses lui aussi !)

      Et donc,je suis tout à fait d'accord, Taky, elle gère les coaching !

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