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mardi 3 mars 2015

Expériences trop réussies - T1 Chimère.

Quand je relis des passages d'Ayleen, je souris bêtement, où que je sois.

Par exemple, voici un passage du chapitre 1, retravaillé et re-retravaillé... On y présente Naïade, l'Arène, et les deux maîtres de l'aïkido... (qui sont aussi les deux personnages masculins et jeunes les plus proches d'Ayleen pour ce tome, et pour les trois suivants aussi...)

[...] Quand je me réveille, mes yeux tombent sur mon teddy qui diffuse une douce musique. Huit heures du matin. Il m’indique aussi que je suis seule à la maison. Même si l’on est samedi, mes deux parents sont partis travailler. Maman doit être partie pour donner son article au journal et pour les réunions de dernières minutes sur l’édition du mois. Quand à mon père, il ferait beau voir qu’il nécessite une raison pour partir au travail en week-end…
Je n’ai rien de prévu ce matin. Juste cet après-midi, la première répétition aura lieu avec toutes les personnes impliquées. Rafaelo et moi serons l’apothéose du spectacle, on dansera tous les deux pendant plus d’une heure, surtout si je maîtrise correctement la Chimère.
Bon, je me lève doucement, tout en me demandant ce que je vais bien pouvoir faire en attendant onze heures que Maman revienne. Je passe en revue mes possibilités : farnienter, aller voir Naïade, ce que j’aurais dû faire depuis trois jours, regarder pour la cinquième fois l’un des rares holofilms qu’on ait à la maison ou alors réviser mes pas de danse… Je sens que la danse, si j’en fais maintenant, je vais être fourbue avant le début de l’après-midi. Je consulte rapidement la liste des holofilms auquel j’ai accès : Frankenstein, Bambi ou SH et l’ombre de Moriarty. Aucun ne me convient, je les ai trop vus. Je devrais en réclamer d’autres à Maman. Le farniente ne me réussit pas et puis l’envie de voir Naïade, mon professeur particulier, me taraude.
D’un pas décidé j’entre dans la cuisine pour me faire un rapide repas. J’ouvre le frigo pour prendre le pot de confiture entamée, à la framboise, mon préféré, et coupe une large tranche dans la miche de pain frais. Mon regard se fait attirer par la boîte en fer forgé posé négligemment sur un coin de la table. Elle est remplie, je le sens ! Une feuille volante, scotchée dessus m’indique « Pour ce soir. Ayleen, pas touche ». L’écriture en patte de mouche de mon père est bien reconnaissable. Et c’est bien là les seules discussions agréables avec mon père. Celles qui ont lieu dans la cuisine, à propos de la nourriture. Bien sûr, Maman apprécie un bon repas, la sensation de satiété, mais sans le goût que j’ai développé pour la « cuisine de chez nous », dixit mon père. D’après lui, c’est une caractéristique familiale, et il reconnaît soi-disant sa sœur dans mes goûts.
Je soulève rapidement le couvercle pour laisser échapper un hurlement de joie. C’est bien ce que j’avais deviné : des beignets d’Ilstar ! Je joue un moment avec la volonté de juste m’empiffrer et d’ignorer royalement le message, mais je me retiens difficilement et préfère quitter la cuisine avant de revenir sur ma décision. Je descends au sous-sol et m’installe dans le fauteuil. Je règle tous les appareils, et quand le déclic s’enclenche, je ferme doucement les yeux. Quand je les rouvre, Naïade me fait face, pour me proposer une activité, comme à chaque fois.
« Alors, que veux-tu faire ? Tu as le temps de faire une unité complète de physique, tu es un peu en retard dans ce programme, et Thomas m’a dit qu’il était important pour ton futur…
— Ah, non, pas de physique ni de chimie.
— Mathématique, alors ? Sinon, tu as encore quelques unités à rattraper en Histoire. Comme on est samedi, c’est aussi le jour où l’Arène est ouverte, et tu peux y affronter les autres apprentis, ou simplement assister aux combats. »
Histoire ou Arène ? Je ne mets pas longtemps à finir de choisir. Après tout, j’ai tous les autres jours pour avoir cette leçon d’histoire… Mais ce n’est qu’un jour par semaine que je peux assister aux combats de l’Arène. Sitôt que ma décision est prise, le décor s’efface doucement pour laisser voir une salle aux multiples portes. Sur chacune d’entre elles, il y a un panneau comprenant deux informations. La discipline et le nombre de personnes en lice.
Je me dirige naturellement vers la discipline que j’aime le plus, l’escrime. Déçue, je remarque rapidement que personne n’y combat. Je continue le tour pour découvrir la plus grande concentration dans la discipline de l’aïkido. Je ne connais que très peu ce sport, mais poussée par la curiosité, j’entre dans la porte. On me propose alors de participer ou simplement d’assister au spectacle. Trop ignorante, je choisis la solution de lâcheté et passe du côté des gradins. Cinq silhouettes humaines sont sur le tatami, mais seulement deux sont engagés dans une sorte de combats qui semble particulièrement chorégraphiée. Aucun coup ne touche l’autre. Ils sautent, se tournent, font valser leurs partenaires. Comme de coutume dans l’Arène, je ne distingue pas du tout le visage des participants, seulement leur avatar. Des deux qui combattent, le premier a des ailes blanches d’ange qui semblent très douces au toucher, tandis que le second a une peau si pâle qu’on la croirait bleutée, et je distingue difficilement des oreilles de chats ainsi qu’une longue queue qui lui confère une silhouette plus féline qu’humaine. Quand il se retourne et me fait face, je sursaute à l’intensité de ses yeux de félins, et plonge mon regard dans le sien, entouré d’une vague verte.
Un message se matérialise à mes côtés.
« Pourquoi ne viens-tu pas sur le tatami ? Il y a aussi des débutants, tu ne seras pas ridiculisé. Il est dommage qu’aujourd’hui, des personnes restent dans les gradins ! »
Quand je relève le regard sur le combat, je vois l’ange aux ailes si blanches mettre à terre son adversaire avant de sursauter pour me voir. Dans ses yeux si clairs, j’ai l’impression de reconnaître Rafaelo. Puis l’impression s’en va, tant qu’il s’éloigne de sa prise. À ce moment-là, je vois ce que je n’avais pas remarqué avant : tout son côté droit est remplacé par une machinerie, ce qui lui donne en fait une allure saccadée. D’un enfant du paradis, ainsi enveloppé, il me semble plutôt surgir des antres de l’enfer.
Machinalement, je joue avec le papier qui peu à peu se désagrège entre mes doigts. Hésitation. J’y vais ou pas ? Finalement, un regard au garçon félin me décide. Je sors des gradins pour venir de l’autre côté. Avant d’entrer dans la salle où sont les autres, mon regard tombe sur un miroir me renvoyant ma propre silhouette. Celle d’une fille à la peau noire, et aux cheveux crépus. Moi qui dans la vie de tous les jours ai la peau pâle des habitants de Sarreson, et les cheveux lisses et châtains de ma mère. Mais ce n’est pas ma mère qui m’a inspiré cet avatar, mais l’ombre qui me protège, mon ange gardien, comme je l’appelle. Bien loin de la blancheur immaculée de la créature de métal que je vais croiser dans la pièce.
Finalement, j’ose franchir les derniers pas. Nous sommes six maintenant. Et l’homme félin prend en charge une sorte de cours. Mes yeux ne se lassent pas de suivre chacun de ses mouvements, et je détaille parfaitement ce qu’il fait. Quand il a fini d’exposer le mouvement, il s’adresse à moi, et je m’approche. Il me demande de l’attaquer. Je n’ose rien faire, il dégage trop de prestance pour que je puisse faire le moindre mouvement contre lui.
Dans ceux qui sont restés à assister, l’ange de métal rit d’une manière supérieure. Il m’agace. Il ne me croit pas capable de le faire, c’est ça ? Je vais lui en remontrer à ce moins que rien qu’il n’y a pas besoin de se faire augmenté par des machineries pour être capable d’attaquer. Mon coup part rapidement. Ce n’est pas celui auquel l’homme félin s’attendait, je le lis dans ses yeux. Il se jette à terre et mon coup part dans le vide. Je ne comprends pas. J’étais devant lui, et le voilà derrière moi. Prêt à donner un coup fatal, et je m’apprête à lui céder ma victoire, et me tends en prévision du coup prochain, mais rien ne vient. Puis, un contact léger sur mon omoplate. Il me repousse doucement du plat de la main. Et avec un sourire qui transcende ses yeux félins, il me fait comprendre qu’il attend encore mon attaque. Autour, les autres disparaissent. Je ne vois plus que lui et son sourire contagieux. Mon cerveau refuse de réfléchir, et comme dans la danse hier, il effectue des gestes que je ne calcule plus. Il obéit à un instinct supérieur auquel je ne peux que me plier.
Et encore une fois, je me retrouve acculée, et lui, de proie il est devenu chasseur. Je prends conscience que depuis le départ, c’est lui qui maîtrisait tout. Une vague d’admiration m’envahit. Soudainement, il me renvoie vers le bord du tatami. Sans douleur, sans déployer la moindre force. Il ne m’a presque pas touché. Et j’en suis... un peu désappointée. Il fait signe à l’ange mécanique qui le rejoint rapidement, en me souriant de manière supérieure.
Moi, je regarde simplement mes mains, là où il m’a touché. Ou sinon, le combat qui reprend. Ou plutôt une danse. Esquive et provocation. Je réponds trop vite aux provocations, cela a toujours été mon point faible. Dans cette discipline sur la maîtrise de soi, cela se révèle encore plus vrai.
Je vois ce que je ne pouvais pas distinguer du haut des gradins. Leurs gestes ne sont pas chorégraphiés. Leurs yeux ne se regardent pas, comme si l’autre ne représentait rien. Et certainement pas une menace. Leur concentration peut se sentir dans chacun de leur trait et je sens qu’aucun de leur geste n’est inutile. Instinctivement, je sais qu’ils sont les meilleurs d’entre nous dans cette discipline, mais aussi que l’homme-félin est le véritable maître. L’ange n’est qu’un apprenti. Il lui manque encore cette étincelle, cette aura que son ami possède. Comme un pantin sans âme, ses gestes sont parfaits, mais mécaniques et brusques. Finalement, peu à peu, les spectateurs se défient entre eux. Je reste seule, assise à genoux. Le « professeur » revient vers moi et me sourit. Je me retrouve entre les deux belligérants et à eux deux, j’apprends quelques gestes avant que l’horloge centrale ne me rappelle à l’heure. Je termine la séance, partagée entre la déception que ce soit déjà terminé et le soulagement de quitter l’atmosphère très tendue entre mes deux professeurs.
Quand j’émerge de la salle de l’Arène, Naïade prend gentiment des nouvelles pour savoir comment cela s’est passé. Quand je lui raconte le combat, une expression de pure surprise s’abat sur ses traits.
« Ils vous ont envoyé un message ? Mais je n’ai rien vu passer dans les logs ! »
Elle me confirme quand même que l’homme-félin et l’ange mécanique, comme je les ai dénommés dans ma tête, sont les maîtres incontestés du dojo d’aïkido. Même si, d’après ce que j’en ai vu, le premier est bien plus compétent que le second.


Et la prochaine fois, ce sera un extrait du Retour, que je vous offrirais ! N'hésitez pas à me laisser des commentaires, comme cette partie n'est pas allée en bêta-lecture, pour l'instant.

lundi 20 janvier 2014

Atelier d'écriture - le tissus

Sujet du jour :
A partir d'échantillons de tissus étalés sur une table, en choisir un et parler de la personne revêtue d'un tel vêtement....

Donc, avec mes pensées qui tournent autour de mon projet d'écriture du moment, ça a donné le texte suivant (peu voir pas du tout corrigé, c'est du premier jet) :
Quinze ans qu'elle n'a jamais remis les pieds là-bas. Elle appréhende. Nathan est à l'étranger, personne ne la dérangera, sauf ses démons et ses souvenirs. Elle passe par le petit chemin de terre, depuis l'église, où elle a laissé sa voiture. A petit pas, elle approche, elle a peur, elle est excitée à chaque détail qu'elle reconnaît. La forme de Belledonne qui étend ses ombres sur la vallée en contrebas, de bon matin, et la croix de Chamrousse qui s'embrase de tous ses feux, sur sa gauche. Et à chaque détail qu'elle ne reconnait pas, son cœur s'emballe davantage. Quinze ans ! Elle n'était qu'une ado révoltée, fugueuse. Aujourd'hui, elle revient à pas de loup, comme une voleuse dans une maison qui lui revient de droit. Le portail grince, plus encore, il lui semble, que dans ses souvenirs. A l'ombre de la maison, l'herbe est blanche par le gel.
Ils on même coupé le chêne centenaire, confidents de ses plus grands secrets. A la place, ne subsiste qu'un immense trou. Elle s'y revoit, à l'aube de ses quinze ans, juste avant sa fugue, avec le magnifique costume traditionnel que sa mère lui avait offert. Bleu... Et si doux !
Une envie irrépressible de le revoir s'empare d'elle. Certes, son but premier, à profiter de l'absence annoncé de son frère n'était pas de fouiller dans sa propre chambre à la recherche d'une chimère, le dernier cadeau de sa mère, mais il y avait un trou béant à la place de son cœur, à la vue de ce jardin défiguré. Elle veut simplement s'assurer qu'elle n'avait pas totalement rêvé ses souvenirs d'alors.
Face à la cuisine, elle pousse la porte vitrée de la même manière qu'elle le faisait jeune. La porte coulisse sans un bruit. L'odeur du bois qui travaille l'assaille, amenant doucement des larmes à ses yeux.
A pas de loup, elle traverse la maison, en déplaçant le moins de choses possible. A sa grande surprise, elle retrouve sa chambre dans l'exacte configuration où elle l'avait laissé.
Et dans une protection, posé sur le lit, la robe bleue étincèle.
Elle approche la main avec hésitation, la glisse sous la couche plastique et caresse délicatement le tissus qui n'a pas bougé.
L'attente devient insoutenable. Elle sort le costume de son étui, se déshabille rapidement, comme dans son adolescence, en balançant les habits par-dessus son épaule.
Elle enfile ce rêve soyeux. Sa peau en a oublié la douceur, ses yeux l'éclat du bleu emprisonnant le soleil quand elle danse devant la glace.
Le monde lui parait beau, lumineux, aérien. Elle danse d'un pas sur l'autre, renouant avec les sensations. Il y a quelque chose de magique, elle s'attend chaque instant à entendre la voix tonitruante de son père pour la ramener à l'ordre, ou le toc-toc discret de sa mère à sa porte.
Quinze ans !
A regret, elle ôte la robe de princesse, habit traditionnel soyeux, captivant les regard. Elle la replie doucement et la replace dans son cocon protecteur.
Rechausse son pantalon informe, mais premier prix, son haut décoloré par une vieillesse accélérée. Puis elle retourne en arrière et ferme les portes derrière elle.
Quinze ans....
 Au final, je ne sais pas du tout si ce passage se trouvera dans mon projet actuel (La Maison Familiale), mais oui, un jour, elle (Zoé) reviendra dans la maison de son enfance (d'où le nom) et se retrouvera confronté à la vie qu'elle menait dans son enfance...

mardi 10 décembre 2013

Aimer ses histoires - Correction de la Corporation du Dragon

Il y a des fois, c'est juste trop bien écrit. Il y a des fois, c'est comme si les mots étaient venus d'eux même, que nous, l'auteur, on y est pour très peu de choses.

Je crois que j'aime beaucoup l'un de mes romans. Pas comme ETR, qui est comme un premier enfant, le premier roman que je n'ai jamais finalisé. Mais plutôt comme une douceur, quelque chose de doux, quelque chose qui redonne le sourire à chaque fois que je le relis.

Il s'agit de la Corporation du Dragon, l'histoire d'Elsa et de Theirn, dans un monde parallèle où la magie existe et dirige la vie des américains. Enfin, de ceux qui vivent au EUM (Etats-Unis pour la Magie), notamment dans le nouvel eldorado, la Silica Valley, où Elsa rêve de devenir la nouvelle héroïne fondatrice d'un empire technomagique, à l'instar de son idole Theirn Deschanels, le créateur de l'Informagie.

Il y a quelque chose dans cette histoire qui vibre de réelle, d'émotion, en moi, me laissant un peu incapable de comprendre comment je suis sensé pouvoir le retravailler. Par exemple, le passage suivant :


Mais d’une certaine façon, c’est aussi de cette manière qu’elle commençait à bien voir Theirn. Il aimait profondément les causes perdues. Aussi têtu qu’elle, elle ne doutait pas une seule seconde qu’il parviendrait à faire arrêter le vent de souffler, si l’envie lui prenait. Il avait une prestance naturelle qui le catégorisait dans les dirigeants d’un peuple.
Et Elsa comprit que ce qu’elle assumait au départ être de l’orgueil et de la vanité était simplement cette prestance qui lui brûlait les yeux. Elle la rendait jalouse et furieuse. Elle avait eu besoin de se calmer et de le voir dans un autre environnement pour comprendre que ses actions étaient naturelles, ce qui les rendait rares.
Il était un dirigeant. Non pas parce qu’il était un Archimagicien, ou que son nom était le plus célèbre de tout le pays. Il était un dirigeant car il pouvait calmer une foule en colère et lui imposer le silence simplement en apparaissant. Il pouvait choisir les expérimentations qu’on ferait dans tous les laboratoires du pays, et vérifier en même temps qu’il n’y ait pas de problèmes.
Dans le domaine de la technomagie, il avait fallu six mois à Elsa pour comprendre que Theirn était le gouvernement, l’innovation et la législation. Et seule sa droiture permettait qu’il cumule ses postes sans en négliger un seul.
Certes, il y a quelques phrases lourdes, quelques fautes d'orthographes, quelques passages à inclure pour les intrigues secondaires. Mais la romance Elsa/Theirn, comment suis-je sensé pouvoir lui changer le moindre gramme ?

Peut-être est-ce que je n'ai pas encore assez de recul sur une histoire que j'ai écrite lors du Nanowrimo de 2012, il y a donc un an ? Ou alors, c'est que cet aspect de l'histoire atteint le plus haut que je n'ai jamais atteint ?

Tant que le reste de l'histoire est autant en chantier, je ne pourrais pas le savoir. Je vais travailler dans le noir encore quelques mois, avant de soumettre le textes (une fois heureusement corrigé, tous ces trous du début qui persistent) à un regard extérieur.

Si j'y arrive. Je ne suis toujours pas vraiment sure que je vais réussir à vraiment corriger ce texte. Completer, ça oui. Mais corriger ?

mardi 26 février 2013

Extraits - Expériences trop réussies - Partie 3

Je suis actuellement en train de retravailler mon premier roman : Expériences trop réussies. Cela raconte l'histoire d'une jeune fille qui grandit et devient amoureuse, et découvre par là-même que le monde dans lequel elle vivait jusqu'à présent est truqué. Il n'est ni authentique, ni naturel, tout a été construit par son père, Matthieu Malgolfas.
C'est tout simplement l'histoire d'une fille qui se demande jusqu'où elle se trompe sur le monde, et si cela vaut la peine de continuer à vivre, quand les choses commence à mal tourner.

L'extrait qui suit se trouve dans la dernière partie de l'histoire. Ayleen danse plusieurs fois par semaine avec Rafaelo, et cette fois-ci, son amie Rachel lui demande de l'aide sur le trajet. Ayleen appelle Lias pour qu'il vienne l'aider, et voilà... Quelques scènes plus tard :
(Lors de l'entrainement, Rafaelo et Ayleen danse ensemble. Sebastian est leur prof de danse)


Je finis par tout expliquer sans m’emmêler dans mon explication, même si je sens que c’est bien proche, à de nombreux niveau. Lias reprends très rapidement son attitude sérieuse et se tourne vers mon amie pour parler avec elle.
Un frisson de jalousie me parcourt, tandis qu’il m’a lâchée. Je me tourne vers Rafaelo, qui m’attend toujours, un peu goguenard.
« Ainsi, c’est donc totalement vrai que tu l’aimes. J’avoue que je n’y croyais même pas.
— Pourquoi tu lui veux du mal ?
— Hey, princesse, demande toi d’abord pourquoi lui me tient rancune de ce qui lui va pas. Tu ne nous connais pas tout les deux, nous avons notre propre histoire. »
Le voilà tout à coup bien sérieux. Je ne m’y attendais pas, cela me surprend totalement. Puis comme s’il n’avait pas eu cette apparence grave, son sourire vient à nouveau se coller sur son visage et il me tend les mains en murmurant :
« Viens donc danser, nous avons encore notre entrainement à faire. »
Je suis paralysée, le moindre mouvement me demande un effort. Mes yeux, fixés sur Lias, comme pour lui demander une autorisation ne semblent pas vouloir changer d’objectifs. Je n’ose pas penser à ce que cela implique, je ne veux pas retourner dans le conflit.
« Je vois que la confiance entre vous deux semble régner au plus haut point. Mais, ma belle, il fallait y réfléchir avant de l’inviter ici… Maintenant c’est trop tard. Si tu ne veux pas faire de danse, tu peux rentrer, ou me le dire tout de suite. »
Il se tait un moment, avant d’ajouter, alors que sa bouche se tord en un sourire moqueur :
« Mais dans ce cas là, c’est toi qui le dit à Sebastian. »
La menace me fait douter de tous mes choix. Et je lui prends doucement la main, tandis que la musique résonne autour de nous, à nouveau.
Je veux danser pour que Lias me regarde à nouveau, je veux sentir son regard sur moi. J’attrape les bras de Rafaelo, et bien que je me tienne à plus grande distance de lui, j’applique ce que m’a apprit Myriam. Je revois son visage, et la chaleur de sa voix tandis qu’elle m’explique comment passer en vitesse plus rapide. Il faut que je veuille aller plus vite. Par les sentiments, mon pouvoir se développe.
Mes sentiments les plus forts sont ceux qui me lient à Lias, même si j’ai mis du temps pour les reconnaître parfaitement, je sais maintenant qu’ils sont là, et je ne peux pas envisager de les effacer. Je me concentre sur Lias, sur ce que je pense de lui. La tendresse que j’ai pour son coté têtu et borné. L’admiration que j’ai devant ce qu’il a subit : être l’expérience principale de mon père, et l’aîné de tous les autres Ambreterre, ne devait pas être toujours de tout repos.
Et peu à peu, les sauts de Rafaelo ralentissent, jusqu’à ce qu’il me donne l’impression de voler dans l’espace, immobile. Lias a tourné son regard vers moi, et je lui souris. Je suis hors du temps, il n’y a que lui qui me voie, il n’y a que lui qui compte. Son visage se détend et je suis rassurée. Il n’a pas l’air de me tenir tant rigueur que cela d’avoir osé l’obliger de venir ici.
Je dirais même que tu es relâché, un peu plus heureux que plus tôt. Pourquoi ? Alors que je me pose cette question qui tourne en rond dans la tête, je détecte à nouveau le parfum de Raïa qui m’arrive par vague. Je n’arrive pas à t’en vouloir. Je sais que c’est dangereux pour Rachel, mais je ne peux pas t’empêcher d’alléger ton fardeau. J’ai fait une faute en te demandant de venir ici. Tu fais une erreur en libérant ce parfum qui nous rend fou, et que tu sais interdit. Mais mon père ne vient tellement jamais ici, qu’il ne pourra pas y avoir de conséquences.
La musique s’accélère à nouveau et je me positionne parfaitement avant qu’il ne soit temps. J’aperçois le regard un peu étonné de Rafaelo.
« Je vois que je ne sers plus à grand-chose. Veux-tu qu’on passe à la seconde étape du plan de ton père, Ayleen ? »
Je ne veux pas comprendre. Je refuse de m’interroger sur ce qu’il vient de dire.
« Et l’amitié que j’ai pour toi, elle fait aussi partie du plan ? »
Ma voix est froide, coupante, glaciale par la peine et l’impression qu’on me dépossède de tout ce qui m’appartient de bien. De quoi puis-je décider de ma vie, si tout fait partie du plan.
Je vois pour la première fois le visage sincère de Rafaelo qui me regarde avec peine.
« Non, elle ne fait pas partie du plan, et elle m’a value de sévères représailles, sais-tu. Je devais simplement te pousser à aller au-delà de tes capacités normales. L’important, c’est que j’ai réussi, non ?
— Comment  ça, de sévères représailles ? Qu’est-ce qu’il a fait ? Qu’est ce que mon père a osé faire pour intervenir une fois de plus dans ma vie privée ?
— Ayleen, je pense que tu n’as jamais eu de vie privée. Ton père voulait t’élever surement avec les meilleures intentions du monde.
— Ne joue pas avec moi à ça, Rafaelo ! Que t’as fait mon père ?
— Rien, seulement des punitions pour que je n’oublie jamais mon rôle…. »
Je sens à la gravité de son visage que c’est loin d’être si peu pour lui. Je veux lui demander beaucoup plus mais je sens que ce n’est pas tout à fait le bon moment. Il n’empêche que je sais qu’il y a des choses à chercher de ce côté-là, maintenant. Il sera toujours temps, plus tard, de revenir dessus et d’arracher la vérité à mon père ou à Rafaelo.
Nous continuons de danser ensemble sans plus dire un mot. Sébastian nous observe, de loin, visiblement pour ne pas s’approcher trop de Lias. Il y a tellement de choses que j’ignore sur tout ça.

***

Quand le cours se termine, Sebastian me prend à part pour que je n’oublie pas de le libérer du « problème ». Je retrouve Rachel et Lias qui sont en grande discussion. Je n’ose pas m’imposer, mais je me rapproche sensiblement de lui, pour effacer ce qui s’était passé en début de séance.
Sans se rendre compte, il entoure mes épaules de son bras, et je me sens enfin rassurée. Nous allons trouver une solution pour Rachel. Elle sourit tristement en nous voyant, mais ne dévie pas la discussion et Lias continue sans sembler s’apercevoir de ses gestes.
Il s’attend peut-être à ce que je le rejette ? Cette idée me blesse profondément. Pourquoi refuse-t-il d’admettre que je pourrais avoir changé d’avis sur lui ?
« Le mieux, ce serait que Line t’accompagne à la Citadelle. J’irais un peu avant pour présenter le problème à Thomas. Il nous aidera. Tu sais le reconnaître de vue ?
— Ton père ? »
Rachel me regarde avec étonnement. Puis elle ajoute, se sentant peut-être légèrement honteuse d’avoir ramené l’attention sur moi.
« Je ne l’ai jamais vu.
— Il ne ressemble à rien, tu ne manques rien, je peux te l’assurer. »
Tout en parlant, j’essaye de coincer le bras de Lias toujours autour de moi. Si possible sans qu’il ne s’en rende compte. Mais ce n’est pas gagné. Il  me regarde avec un air à faire fondre un iceberg. Comment il peut supposer que je puisse rester insensible ? Cela me vexe, alors je ne prends plus attention à ses gestes, et en me rapprochant encore un peu plus de lui, je recentre la discussion.
« Si j’ai bien compris ce que tu propose, Lias, c’est d’aller chercher mon père pendant que j’attends à l’extérieur, à se cailler avec Rachel. Tu es au courant qu’on est bientôt au mois de novembre, et qu’il fera nuit au moment où on y sera.
— Oui, c’est sur que ce n’est pas la solution idéale. Mais d’un autre coté, je ne peux pas te demander d’aller le chercher, tu ignores où est son bureau.
— Heu… »
Je ne veux pas rougir. Cela n’est pas du tout le moment. Je me mords les lèvres pour ne pas faire un commentaire que je regretterais. Il semble se rendre compte de quelque chose.
« Tu ne connais pas où est son bureau, hein, Line ?
— mmmh… »
Je n’ose pas ouvrir la bouche de peur de dire une réponse qui ne serait pas avisée. 
« Line ? C’est quand la dernière fois que tu es allé à son bureau ? »
La réponse m’échappe contre ma volonté, il me fait le coup des yeux inquisiteurs, je ne peux pas y résister.
« Hier ? »
Il s’étouffe en répétant ma réponse et tout d’un coup devient suspicieux. D’une petite voix, je réclame qu’on s’intéresse à nouveau au problème qui nous occupe. Son attitude, même s’il s’en dément, me démontre qu’il commence à se douter de quelques choses.
Et alors que c’est ce que j’ai voulu toute la journée, je trouve ce soir que ce n’est pas du tout le bon moment. Il faut s’occuper de Rachel ! Elle est plus importante que toutes ses histoires de secrets qui se cachent encore dans nos cœurs. C’est  peut-être du aussi au fait que j’ai enfin compris à quoi rimait ma vie. A être avec lui, et qu’il soit avec moi. Après tout, le reste n’est que superflu.
Il accepte non sans mal, de laisser tomber le sujet pour l’instant.
« Donc, si on récapitule, Ayleen va trouver son père, et nous deux, on attend hors de la Citadelle que les deux arrivent. Et après, que ce passera-t-il ?
— Je ne sais pas, mais c’est ça l’idée, en effet. Bien sur, c’est possible uniquement si ‘Line n’a pas menti à ce sujet et qu’elle est bien passée hier à la Citadelle… Et du coup, j’aimerais savoir si… par hasard… »
Je tente de garder un visage de marbre, mais avant même de finir de tenir ma pause, je sais que j’avais échoué. Je le sens, Lias ne laissera plus jamais ce sujet indemne. Il veut trop savoir ce qui s’est passé. Espère-t-il que ce soit pour lui ? Et s’il pose la question, je lui réponds quoi ?
La vérité, je suppose. On s’est surement suffisamment dit de mensonges comme ça pour une vie entière.
Une fois que nous sommes d’accord, tous les trois, que nous n’avons pas de plan de secours, nous nous mettons en mouvement. Je voulais partir au plus vite, pour éviter qu’une nouvelle fois, les choses s’enveniment entre Lias et Rafaelo. Mais visiblement, ils parviennent à rester civils, à la fin. Mais je ne trouve pas ça une raison suffisante pour tenter le diable, non plus.
Et voilà. C'est dans ces scènes que je suis perdue jusqu'au cou.
Le but de la réécriture de la partie 3, c'est (normalement) de finir  pour la fin du mois (toutafait, à l'heure où j'écris ce message, ca veut bien dire qu'il faut que je termine pour ce WE (que je n'hésiterais pas à grater pour finir).).
Et j'aime autant vous dire que je suis encore bien loin d'en avoir fait le tiers ou la moitié. Au maximum j'en ai fait un dixième je dirais...
Soyons fou !

lundi 26 novembre 2012

Extrait - Corporation du Dragon - Rencontre au manoir Deschanels

Voilà un nouvel extrait, que j'ai écrit hier.
Comme d'habitude, c'est du premier jet, donc la qualité de l'écriture est assez fluctuante.
On y retrouve Elsa qui commence à évoluer, et qui a rencontré Deborah (Debbie), la soeur de Theirn dans une ville qu'elle visite avec l'Association. Elle perd le groupe de vue, et accepte l'invitation de la jeune fille à passer au manoir des Deschanels jusqu'en début de soirée, où Theirn doit faire visiter une source à tous les membres de l'association.

[...]

Elsa se laissa guider par la jeune adolescente qui connaissait parfaitement son quartier. Dès qu’elle ouvrit la porte, un lutin vint les accueillir, et se pencha bien bas devant Elsa.
— Mademoiselle Bykov, Altaïr est ravi que vous ayez retrouvé le chemin de la maison. Voulez-vous que je vous annonce au maître de la maison ?
— Theirn est déjà là ?
Deborah n’écoutait pas la réponse à sa propre question et filait dans les pièces du manoir, à la recherche de son grand frère.
— N’en faites rien, lutin. Mais expliquez-moi plutôt d’où vous connaissez mon nom et pourquoi Altaïr me dit quelque chose…
— Altaïr est mon nom, et nous nous sommes déjà croisés, il y a quelques mois. Vous êtes maintenant prête à prendre votre rôle dans le monde. Et lui est près aussi. Il a bien réfléchi à la leçon… Si vous me permettez, je vais vous montrer le chemin. Veuillez me suivre, et simplement laissez vos affaires en vrac, quelqu’un s’en occupera dès que nous serons partis.
Elsa se souvint de tous ce qui avait suivi la rencontre avec le lutin. Tout était parti de lui. Mais elle ne s’expliquait pas pourquoi il lui parlait de cette manière. Ni à quoi elle était soi-disant prête…
Il la guida dans des couloirs obscurs, mais elle ne voulait pas le quitter, car dans ce manoir d’Archimagicien, elle se sentait parfaitement capable de se perdre. Elle s’arrêta en sursaut, à un moment, quand elle reconnut un tableau très familier sur le mur près duquel elle passait.
Le lutin la regardait avec un sourire en coin.  Il ajouta avant de rependre la marche :
— Mon maître, Theirn Deschanels, a investit récemment dans l’œuvre d’une dessinatrice. Elle fait de très beau et très réaliste dessins. Il a toutes la collections, sauf deux de ses œuvres. Ces deux-là sont des dons de l'artiste à des proches, des portraits. Il a quand même pu les admirer. Et j’ai moi-même vu celui qui était dans le bureau de votre sœur. Une merveille.
Elsa restait muette, en regardant le bateau qui semblait vouloir s’éveiller et quitter le port à tout moment.
— C’est lui qui a acheté mes tableaux ?
Son ton était à la limite entre l’étonnement et l’extase, l’émerveillement et l’incompréhension.
— Mais… Pourquoi il a fait cela ?
— Pour plusieurs choses, Mademoiselle Bykov.
La voix qui venait de sa gauche la fit sursauter. Elle se tourna brusquement pour voir le maître des lieux qui signifiait au lutin qu’il pouvait vaquer à nouveau à ses occupations précédentes.
— La première, c’est que cela permettait de donner des fonds à l’Association, et d’une manière que Mark ne serait pas sur mon dos. Il n’aime pas que mes dons pour l’Association soient renseignés aux Administrations. Après, ils font des enquêtes, et c’est de l’administratif lourd. Passer par l’achat d’une œuvre ne rentre pas dans le cadre des dons pour l’association. Celle-ci, c’est pourquoi j’ai demandé à Mark de pouvoir les acheter. La principale, pour avoir envie de les acheter, c’est que je trouve qu’ils sont magnifiques. Vous avez un réel talent, Mademoiselle Bykov. Et je vous admire pour cela. En dernière raison, il y a le fait que cette maison est particulièrement vide, quand je ne suis pas là. Et cela m’embête que ma sœur vive à l’année dans une maison vide.
Elsa ne répondit rien à la longue tirade. Elle ne savait pas vraiment quoi dire, ni ce qu’elle pourrait dire pour faire passer la tension qu’elle avait ressenti à l’entendre surgir, comme s’il apparaissait de nulle part.
— Deborah m’a dit que vous vous étiez rencontré. Oserais-je demander comment ?
— Oh, votre sœur aurait pu vous le dire… Je l’ai… hum, reconnu et je suis allée à sa rencontre. Nous avons tant et si bien parlé que j’ai perdu le groupe de vue.
— Elle m’a dit quelque chose dans ce goût là. Par contre, elle n’arrivait pas à comprendre comment vous aviez pu la reconnaître, ne l’ayant encore jamais rencontrée.
Elsa commençait à sentir ses joues s’échauffer. Elle sentait son attention, sur elle. Il ne la laissera pas mentir cette fois-ci. Elle n’avait pas d’autre choix que d’avouer qu’elle avait regardé dans le Mobilomagique.
— Hum… Comment dire… J’étais sure que c’était elle, c’est comme si j’avais des souvenirs où je la connaissais. Des souvenirs qui ne m’appartenaient pas.
— Comme si c’était des souvenirs qu’on vous avait fournis, c’est cela ? Et qu’en… Venez, nous  ne sommes pas loin du salon moyen où ma sœur aime à faire ses études.
Elle accepta très facilement, et le suivi dans le dédale de pièce. Ils arrivèrent dans une petite salle, où Deborah les attendait, sans vraiment les regarder, les yeux soi-disant dans un journal dont elle ne tournait aucune page.
— Et bien, nous voilà tous les trois. Je ne sais pas ce que vous pensez, mais je me demande si on ne pourrait pas manger ici. Debbie, voudras-tu venir avec moi ? Je sais que les autres années, à la fête de l’Association, tu n’étais jamais dans la région, alors, cette fois-ci ?
Deborah le regarda, déposa complètement son journal et réfléchit avant de demander d’une petite voix ce qu’ils allaient faire.
— Tu rencontreras certains membres de l’Association. Eux te rencontreront. Mark, notamment est là.
— Je vais certainement m’ennuyer. Tu sais que je n’aime pas du tout ces soirées mondaines où tu essayes de m’emmener.
Ces paroles déclanchèrent un grand sourire et un rire franc du grand frère. Il regarda sa sœur et passa une main dans ses cheveux.
— Je n’aime pas du tout ces soirées mondaines, mais c’est notre rôle, en tant qu’archimagicien, de savoir correctement s’y tenir, et d’avoir les bonnes relations. Mais la fête de l’Association n’a rien à voir. Déjà, je suis le seul archimagicien à y aller. Je n’espère pas pour tellement longtemps.
Il jeta un léger regard en coin vers la femme silencieuse du trio, Elsa.
— Mais une jeune fille comme toi devrait très vite trouver à t’amuser correctement. Après tout, si l’Association a un nom aussi vague c’est une volonté qu’elle puisse servir à tout le monde, de la manière dont il le désire.
Elsa apprenait de nombreuses choses aujourd’hui, entre le fait que Theirn fut celui qui avait acheté ses tableaux, et la raison que l’Association soit sans nom particulier, le lien exact qui reliait Deborah et Theirn, beaucoup plus profond que ce qu’elle n’avait perçu des vagues souvenirs la concernant. Et elle avait bien l’impression que les surprises de la journée n’étaient pas encore terminées.

On le sent, j’atteins les  40k de l'histoire, et les intrigues semblent se résoudre. Bon, il y a encore un coup d'éclat final que j'écris normalement cette semaine, sinon, tout est écrit, même en résumé.
J'espère que vous avez apprécié !

vendredi 23 novembre 2012

Extrait - La corporation du Dragon - Elsa/Theirn Séminaire

Voila un peu d'avancée pour aujourd'hui. Evidement, c'est du premier jet, donc plusieurs structures lourdes itou, itou, mais j'aime bien ce que je viens de terminer à l'instant (en passant la barre des 30k mots)



Elsa apprit lors d’un des déjeuners avec la famille que Vladimir avait beaucoup de travail car il devait rendre des lieux propices à tenir une série de conférences, animée par la Lady Deschanels elle-même. Pour l’occasion, le neveu de la lady devrait même se rendre sur les lieux, et la Lady insistait particulièrement pour que tout soit parfait.
Il proposa à Elsa, qui semblait bien apprécier de bricoler et d’installer le matériel technique de rendre la vieille salle de conférence à la pointe de la technologie, pour que le séminaire, qui devait durer une semaine se passe sans encombre.
Elsa apprit au détour d’une conversation que le thème, cette année, serait sur les dangers de la magie. Elle espéra pouvoir grappiller quelques informations, et peut-être assister à quelques conférences publiques. Elle se mit volontairement à la tache, et s’occupa de toute la partie un peu trop technique, que Vladimir ne parvenait pas vraiment à comprendre, et pour lequel, il ne faisait pas d’effort non plus.
Elle prenait plaisir à tout installer, jusqu’à quelque jours avant le début du séminaire, quand une voix qu’elle avait oubliée, relégué au fond de sa mémoire, s’adressa à Vladimir qui travaillait dans les pièces voisines.
Theirn Deschanels. Avec toutes ses activités, elle avait complètement oubliée qu’il devait lui aussi venir.
— Vous voyez, Vladimir, finalement, vous avez réussi. Cette installation technomagique me semble parfaitement capable.
— Ah, non, Monsieur l’Archimage Deschanels, ce n’est pas mon fait, mais celui de l’amie de ma femme que nous hébergeons. Une obscure histoire de sortilège interdits l’avait poussé à rechercher un mode de vie plus simple et au plus près des vrais choses…
— Allons, Vladimir, vous me faites marcher… Présentez nous donc, que je sache qui je dois remercier pour ne pas me casser le dos cette année, à monter tous ces appareils.
Elsa sortit de l’ombre derrière laquelle elle s’était réfugiée quand elle comprit que Vladimir la vendrait sans gêne.
— Je crois qu’il est inutile de se présenter l’un à l’autre, Monsieur Deschanels.
Elle essaya de mettre toute l’ironie de la situation qu’elle ressentait à le croiser ici aussi. A croire qu’un esprit mauvais s’acharnait à vouloir le faire croiser leurs destinées.
Elle fut néanmoins surprise de la salutation très officielle que Theirn lui répondit à son salut assez provocateur.
— Mademoiselle Bykov. Voila une rencontre auxquelles je ne m’attendais pas. Je vous croyais à votre travail, à l’Aigle Volant.
— Et moi, je vous croyais dans votre bureau, à la Corporation du Dragon… Comme vous le voyez les choses ne sont pas forcément comme les apparences pourraient le faire croire.
Il sembla réfléchir à ce qu’elle venait de dire avant de se tourner vers elle, inquisiteur.
— Je suppose que vous assisterez au séminaire ? Vous êtes parfaitement dans la thématique.
— Je ne suis pas sûr de pouvoir. Je ne suis pas vraiment officiellement invitée.
— Vous l’êtes, maintenant.
— J’ai des doutes que votre simple parole…
Vladimir choisit cet instant pour interrompre la joute vocale et attirer à nouveau l’attention sur lui.
— J’étais dans l’ignorance la plus totale que vous vous connaissiez déjà. Comment est-ce possible ?
— Il y a quelques mois, Mademoiselle Bykov était la thésarde la plus acharnée qui a travaillé dans mon entreprise. Je me suis intéressé de très près à ce qu’elle a fait.
— Vous voulez dire que vous avez cherché des défauts à ce que j’ai fait de toutes vos forces…
— Non, mon but est de savoir comment les choses sont faites. Pas de chercher ce qui est mal fait. Mais ce qui était mal fait était si évident que… De toute façon, ce qui vous a couté votre titre de Magicienne n’a que peu de rapport avec le fait que vous vous soyez laissé emporter par votre enthousiasme de chercheuse. Cela a simplement à avoir avec la manière dont vous avez abordé votre présentation de thèse !
— Allez-vous me dire réellement alors ce que j’ai fait ?
— Vous m’avez jeté un sortilège !
— Quoi ?
Le cri du cœur déconcerta un peu Theirn avant qu’il ne se reprenne aussi vite qu’il ne le pouvait.
— Ah ! Vous pouvez bien faire votre innocente, j’ai fait des tests, je sais parfaitement que c’est votre action. Et de plus, vous n’aviez aucune tenue loin du prototype que vous présentiez. Il était manifeste que vous contiez trop sur sa présence pour contrôler vos carences. C’est une bonne chose que vous ayez du apprendre à vivre sans.
Elsa se retint à temps de répliquer à nouveau, vaguement honteuse d’avoir quasiment hurler sur l’homme. Voilà près de plusieurs semaines qu’elle n’avait pas croisé Theirn, et elle ne pouvait pas vraiment dire que cela lui avait manqué. Mais en tout cas, elle comptait le prendre au mot, et venir assister à tout ce qui l’intéresserait dans le séminaire. Il l’avait invité, après tout. Et dans un sursaut de réflexion, elle comprenait qu’il était peut-être bien dans la position de faire des invitations officielles. Après tout, c’était sa tante qui organisait le séminaire…

mardi 20 novembre 2012

Extrait de loups...

Un extrait d'un roman dans mes tiroirs, pour une histoire de loup, et de prouver qu'ils ont bien un beau rôle dans mes histoires.
Je vous présente, Univers, loup-gardien d'Ellinao
(extrait de premier jet v2 des Enfants d'Ellinao)

Fin du chapitre précédents
 [Lilliane fait une crise de panique/colère qui commence un incendie]
Mes jambes sont dans le vide. Je sens la texture d'une peau contre la mienne. Peau glacée. Je ne veux pas. Elle m'emprisonne. Pourquoi ne suis-je jamais libre ?
Une voix. Une seule voix :
« Princesse du feu ! Cesse de te battre et écoute moi. »
La seule voix que j'entende malgré le tambourinement de mon sang à mes tempes. Car la voix ne vient pas de l'extérieur. Elle vient de moi. De l'intérieur. Je cesse de gesticuler. Le contact glacé disparaît. Je me concentre difficilement pour découvrir que je ne suis plus dans la ville. Un frisson me parcourt brièvement avant que je ne le combatte. Je n'ai pas peur.
Je n'ai PAS PEUR ! PAS PEUR !
L'inconnu ne se dresse nul part. Il n'y a qu'un loup … Un loup blanc avec quelques taches noirs qui me regarde. Qui ne me quitte pas des yeux. J'aurais jurer l'avoir déjà vu, mais je ne sais pas où.
La voix me reparle, comme si elle venait de partout à la fois... De tout mon environnement :
« Cesse donc de te battre et écoute moi. Tu es furieuse... et tu as peur, ou froid. Mais tu te trompes. Tes préjugés ne sont pas dans ta nature. »
« Qui... qui parle ? »
« Moi. Simple Loup, simple Gardien d'Ellinao. »
Le loup... était la réplique (en plus âgé, bien sûr) du louveteau qui était là le premier jour. Je pouvais le reconnaître maintenant.
Maintenant que la voix s'était tue, je me demandais comment j'avais pu douter un seul instant. Il était tellement évident que ce soit lui qui parle. Il n'y a personne d'autre autour de nous...
Et qui voudrait me parler ? Des elfes ? Hautains et fiers comme ils sont, à nous considérer comme des moins que rien, des animaux domestiques... Un autre humain ? Mais qui aurait pu me suivre ? Je ne sais pas ? Qui sont les Loups, je ne sais pas non plus. Bien qu'elle se soit occupée de mon éducation, ma nounou a laissé de coté grand nombre de sujet qui m'intriguait.
Il est trop tard maintenant. Je sais qu'ils voulaient m'utiliser, ils ne m'utiliseront pas. Jamais. Je serais indépendante. Maintenant, ils me diront la vérité. Surtout elle. Surtout Jessica.

Et suite par le chapitre suivant :
~Moi, simple Loup, simple gardien d'Ellinao~ La phrase tournait et retournait dans ma tête. Cela me rappelait de nombreux souvenirs. Des ombres prirent la place des flammes. Les flammes s'éteignirent. Une once de diplomatie alluma mon regard.
« Pourquoi me suis tu ? »
« Humm... »
Le loup me regarda avec ses yeux jaunes pétillants... 
« Je pense que la question peut être retournée. Je suis le gardien d'Ellinao. Je veille à ce que n'entre ni ne sorte que les personnes autorisés par la Dame Elfique. Toi... Par exemple, tu ne peux trouver le chemin. Ton destin doit s'accomplir, par la volonté de Lahonndal. Et tu ne pourra le fuir de cette manière, petite humaine. »
« Mon destin ? Pff... Je ne veux pas être le jouet de tes maîtres. Je ne veux pas être privé de ma liberté, moi... »
« Tu crois que cela te prive d'une quelconque liberté ? Alors... Laisse moi te conter l'histoire du Premier Loup Gardien. :
« C'était il y a bien longtemps, nous étions une meute intrépide guidé par un couple alpha bien soudé. Les hommes n'existaient pas encore à l'époque... Et ils n'avaient donc pas encore tenté de nous apprivoisé, d'échanger notre liberté contre la promesse d'un logis et d'une nourriture. Oh... nous étions une belle meute, six représentant mâles, cinq femelles, et deux petits, que la meute couvait comme des gemmes plus précieuses que de l'or pour toi. Alors ils sont arrivés. Elle, la Dame Elfique, et toute sa clique... Son père aussi. Celui dont les exploits pouvait faire frémir le plus valeureux de tous les loups. Et la Dame Elfique s'est présenté. Nous nous comprenions, nous avions les mêmes... Dieux. Enfin. Elle nous a proposé une alliance. Elle était très écoutée, dans ma meute, car elle était une incarnation de la Déesse... On l'a écouté, on a comparé l'appel de la liberté avec ces arguments. Elle nous a suppliés. Nous n'étions toujours pas très d'accords. C'est une chose de parler avec l'incarnation de l'une de nos Déesse. Il en ait une autre de tout lui abandonner. C'est alors que l'esprit du Premier Loup nous ait apparu. Et ce qu'il nous a dit, qui doit rester dans la meute annonçait des temps obscurs, où la gente elfique aurait besoin de nous. Il nous a annoncé aussi ce que nous devions demander en échange de nos services. Et l'alpha de notre meute est allé les trouver. L'accord fut signé avant le printemps suivant. Ils tinrent leurs promesses, nous les tinrent aussi...
« Sais tu pourquoi je voulais te raconter cette histoire, Daniara ? »
Je n'avais pas entendu ce nom, mais quand le loup le prononça, mes jambes tremblèrent avant de me laisser pantelante, à genoux. Il ne me restait même plus assez de force pour lui demander ce qui m'arrivait. Heureusement il sembla entendre mes pensées
« Tu ne connaissais pas ? Et bien... c'est fait. Tu es attendue. Comme une sorte de messie, mais pour certains, ils s'agit d'un messie de fin du monde. Ton destin est gravé dans toutes les pierres d'Ellinao. Tu es une des Enfants de cette ville, Daniara. Tu ne pourras en aucun cas faire abstraction de cet état de fait. Une légende circule depuis plusieurs décennie chez les humains, n'en as tu vraiment jamais entendu parler ? Une fin du monde pour certain, une délivrance pour d'autre... La fin d'une guerre, le début d'un monde nouveau. »
Le loup se tût. Je me rendis compte à ce moment là du silence qui régnait dans la forêt. Mon cœur s'était apaisé... Les paroles du loup avait finalement portés leurs fruits. Une fin du monde ? J'avais des doutes... Mais j'imaginais aisément maintenant les menaces ressentis par Jessica envers moi. Finalement elle n'avait peut être pas tord. Peut être étais-je en danger. Avec ce loup ? Quand même pas... Et qui sait ? Peut être. Mon regard devint plus froid, plus calculateur, tandis que j'estimais les chances qu'il me veulent du mal...
« Et toi, dans cette affaire, tu es qui ? »
« Moi, un simple Loup Gardien... Je remplis simplement mon contrat, m'assurer que chacun qui doive sortir ou rentrer le fasse effectivement, et personne d'autre. En particulier, toi, tu ne dois pas sortir d'Ellinao. Ce serait dangereux pour toi. »
« Mais... Je suis … prisonnière ? C'est ça ? Prisonnière ! »
« Humm... Attends, ne t'énerve pas. Si tu veux... Je te concède une partie des la forêt, à condition que tu n'y mettes jamais le feu. »
« Quoi ? Moi, Mettre le feu à une forêt ? »
« J'ai vu la fumée qui montait d'Ellinao, Princesse du feu … Elle n'était pas habituelle. Tu peux venir dans la foret à cette condition unique. Acceptes tu ? »
« Euh... oui. »
Quel autre choix avais-je de toutes façons ?
« Très bien alors nous allons sceller le pacte »
Avant que je ne puisse dire un mot, il sauta dans ma direction, me jetant à terre. Puis il entreprit de mettre à nue mon cou. Il mordit très brièvement à la gorge avant même que je n'ai pu hurler de terreur. Puis il se coucha, gorge déployée. Je compris ce qu'il fallait que je fasse avant même qu'il ne me le dise. Les poils restèrent longtemps dans ma bouche, me donnant un avant goût de ce qu'était la vie animale.
Le pacte était scellé entre nous.
Après que je me sois écartée, il se remit sur ses quatre pattes et me regarda. Je trouvais plus facile de comprendre ses expressions. Étais-ce du à notre pacte ? Je n'en savais rien.
Il parla à nouveau, et sa voix était différente, comme s'il parlait dans ma tête.
« Princesse de feu... Si jamais tu croises un autre loup de ma meute, et qu'il te le demande, donne lui mon nom comme gage de bonne foi. Dis lui que tu as conclu un pacte avec Univers. »
« Univers ? C'est un drôle de nom pour un loup... »
« Tu voudrais que je m'appelle comment ? Toutou ? Non Univers est un nom totalement respectable pour un Loup Gardien, comme moi. »
Certes, certes, dit comme ça je pouvais difficilement discuter avec lui. Une petite voix me demandait avec ironie qu'elle était la différence entre son ton et celui des elfes. J'avais l'impression qu'elle insinuait qu'il n'y avait aucun. Je lui rebattit le clapet en rétorquant que lui ne comptait pas m'utiliser. J'étais à égalité, avec lui.
J'appréciais énormément la compagnie d'Univers, et je me promis de revenir dans la forêt le plus souvent possible.

dimanche 18 novembre 2012

Corporation du Dragon - Extrait -Rencontre Theirn/Elsa à l'Association

Voilà, j'ai enfin eu du temps juste pour écrire et avancer mon Nano. J'ai abandonné après les échecs d'hier, de faire une histoire de manière chronologique, et j'ai écrit les scènes clés de l'histoire dans l'ordre où elles se passent.
Mais je n'ai plus de structure, c'est une liste de scènes, plus qu'une liste de chapitre.

Celle dont je suis fière est la troisième écrite aujourd'hui, alors que je passe les 18k sur cette histoire. Attention, c'est du premier jet :



Elsa avait pris l’habitude de toujours passer une heure ou plus à l’Association. Elle trouvait apaisant de croiser toutes ces personnes, qui ne savaient pas forcément d’où elle venait, et qui ne la regardait pas de haut ou de bas. Même si au fil des jours, elle parvint à repérer un sourire en coin, quand elle sentait qu’on parlait d’elle, comme si on s’amusait d’une chose qu’elle ignorait.
Elle s’était très rapidement entendue avec tout le monde, sans trop de soucis. Elle n’avait pas encore vraiment l’impression d’être totalement intégré dans le petit monde de l’Association, et même si elle s’émerveillait toujours du si bon fonctionnement, elle avait bien compris qu’il y avait quelques commentaires qu’elle faisait qui révélait qu’elle n’était pas encore comme eux tous. Il y avait quelque chose de fondamental qu’elle ignorait.
Et jusqu’à ce jour, elle pensait que c’était simplement parce qu’elle n’avait pas totalement adopté les coutumes de l’Association. Ce jour-là, elle découvrit que ce n’était pas du tout cela. C’est quand Mark vint la trouver, elle s’appliquait sur un dessin au fusain. Elle avait toujours été douée au dessin mais avait laissé ça de coté quand elle avait découvert l’informagie. Quand elle avait vu le matériel, elle n’avait pas vraiment résisté, et était revenue à sa première passion.
Elle n’avait pas aperçu tout le monde qui passait derrière elle, pour admirer son dessin, qui représentait le campus vu de la tour de la connaissance. Puis toutes ces personnes qui quittaient les lieux, pour rentrer chez eux.
— Elsa ? Il est bientôt vingt-trois heures, et je dois ouvrir à sept heures du matin, demain.
Elle l’écouta d’une oreille distraite, ne prenant pas le temps d’analyser ce qu’il disait, concentrée sur son dessin pour donner l’impression de merveilleux qu’elle avait tellement ressenti ce jour là, paradoxalement, le pire de son existence.
Mark s’éclaira la voix, comprenant qu’elle ne l’écoutait pas du tout.
— Je ferme. Tu peux revenir demain matin ?
— Hein ?
Il soupira, heureux d’avoir tiré une autre réaction de la jeune femme que son mutisme artistique.
— Oui, il est vingt-trois heures, et j’aurais du rentrer deux heures plus tôt. Donc, est-ce que tu peux poser ton œuvre et ton matériel.
— Je peux, juste terminer… De toute manière, je ne suis pas sûre que j’aie le courage de me remettre dessus une autre fois.
La douleur d’avoir perdu son poste de rêve n’était toujours pas effacée de sa voix, et Mark compris qu’il ne pouvait pas vraiment s’opposer à ça.
— Une demi-heure. Pas plus, sinon je te mets à la porte.
— Oui, oui.
Le ton sur lequel elle avait dit ça lui fit craindre le pire. Il se remit au bureau qu’il occupait un peu plus tôt et s’absorba à nouveau dans le roman policier qu’il lisait. Ses yeux se fermaient de fatigue et il se jura que plus jamais, il ne ferait la fermeture de l’Association. Surtout si la jeune Elsa était en train de dessiner.
Il commençait à comprendre qui avait fait le crime, bien avant le journaliste dont il lisait les aventures quand la porte s’ouvrit brusquement.
— Tu es encore là, Mark ? D’habitude quand c’est encore ouvert à cette heure, c’est John qui est là.
— John assiste pour la naissance de sa petite fille. Il sera pas là de toute la semaine et de la suivante. Après il doit garder les grands, et donc sera là juste de temps en temps jusqu’à la fin des vacances. Mais qu’est-ce qui t’amène là, Theirn ?
— Comme d’habitude, le besoin de décompresser.
— Tu fais un boulot qui te bouffe trop, tu devrais déléguer un peu.
— Je ne referais jamais cette erreur. Tu peux me croire. Il faudra que ce soit quelqu’un en qui j’ai entièrement confiance, plus que ce que j’avais  pour lui… Et cela n’est pas près d’arriver. Ma confiance ne s’accorde pas à des inconnus, Mark, et c’est très facile de la perdre.
— Tu es trop sérieux. Tout le monde n’est pas mauvais comme ceux que tu as pu rencontrer dans ta vie.
— Je connais les hommes et la nature humaine. Ça ne me facilite pas la tâche de faire confiance à quelqu’un d’autre.
— Ahah, toujours ton optimisme débordant, Theirn.
Les deux hommes s’étaient déplacés dans la pièce et ils se rapprochaient de l’endroit où Elsa se trouvait. Complètement dans son œuvre, elle n’avait pas compris leurs paroles.
— Si tu veux savoir pourquoi c’est encore ouvert, faudra que tu demandes à cette jeune fille, qui refuse de quitter son siège.
Un léger murmure quitta les lèvres choqué de l’archimagicien. Il n’avait pas remarqué la silhouette de la jeune femme, qui dégageait pourtant dans la pièce austère une aura particulière.
— Elsa Bykov…
Son souffle ne fut pas entendu par la concernée, mais elle releva le regard. Son sixième sens lui soufflait qu’il se passait quelque chose d’important. Ses yeux se plongèrent dans les yeux sombres de l’homme qu’elle s’attendait le moins à trouver ici : Theirn Deschanels.
— Mais que faites-vous ici ?
La question aurait pu être mutuelle si Elsa avait suffisamment repris ses esprits. Elle blanchit, ne sut pas quoi dire, comment ne pas perdre la face devant lui, elle était tétanisée devant la possibilité qu’il soit là. C’est à ce moment-là que Theirn remarqua le sujet du dessin.
— Vous avez une bonne mémoire visuelle.
— Euh, je vais y aller. Désolé. Au revoir, Monsieur Mark.
Elle replia à la hâte ses affaires dans son sac à main, laissant tout en plan, retournant en arrière pour attraper son sac, puis oubliant définitivement son manteau.
Elle quitta l’atmosphère soudainement irrespirable des locaux, et le froid la fit frissonner, mais comme cela ne répondait pas à sa question existentielle, elle ne se laissa pas embarquer.
Mais que faisait Theirn Deschanels dans un endroit pareil ?

Voilà, j'espère que vous avez apprécié autant que j'ai apprécié de l'écrire !