jeudi 19 février 2015

De la complexité de l'original -- coté éditorial ou pas

Bon, je n'ai pas été très active sur ce blog depuis plusieurs mois. Ceux qui me connaissent savent au moins l'une des multiples raisons, toutes surtout personnelles.

Je voulais parler aujourd'hui de l'utilité d'être original quand on envoie un texte qui va se faire selectionner. C'est un trait générique, mais le fait d'avoir lu une liste ce matin (les histoires à ne pas écrire, parce que déjà trop vue et trop surfaites), m'a rappelé une histoire ancienne de chocolat et de gâteau. (spéciale dédicace à ceux qui reconnaîtront ^^)

Je ne vais pas en refaire un remake, ni répéter les histoires que je ne veux pas lire, parce que ce serait faux. La preuve, c'est que je passe plus d'une heure par jour à lire sur les plateformes d'échange "gratuit" que ce soit de la fanfiction, ou sur ma nouvelle trouvaille, Wattpad.
Je ne suis donc pas fatigué de lire des horreurs où l'orthographe française est malmené par des gamines de treize ans (et des fois des hommes et des femmes beaucoup moins jeunes).
Je ne suis pas fatigué de lire des histoires "naïve", ni remplie de cliché.

Je ne sais pas pourquoi je continue de lire, en poussant des soupirs devant les "j'été chez mes parents à dormirent." Honnêtement, je ne sais pas. Mais il y a quelque chose qui m'accroche dans ces histoires. Une sorte de prise au tripes.
Je sais en générale comment ça va finir. C'est facile. Mais c'est pas ça qui est important.

Ce qui est important, pour moi, c'est qu'il y a du ressenti dans ce que je lis, c'est pas du recraché. Il y a quelqu'un qui a été passionné, qui a vécu son histoire comme il pouvait. Qu'elle a été écrite avec des tripes.

Mais ce que j'autorise en temps que lectrice, je ne me l'autorise pas, ni en temps qu'auteur, ni en temps qu'"éditrice" (ça me fait vraiment bizarre d'écrire ce mot associé à moi).
Un texte qui me touche juste parce qu'il est vrai ne sera pas retenu pour un appel à texte. Pas s'il ne fait que ça.

Parce que ça veut dire qu'il y a trop de travail derrière. Ca veut dire qu'il a toutes les chances aussi de perdre cette innocence avec les montagnes de travail qui attendent.

A l'inverse, un texte dont la prose ne m'a pas touché plus que ça, mais qu'à la fin, je suis restée interloquée, genre WTF ? Là, oui, il y aura une opportunité. Parce que j'ai été surprise, parce que je ne m'y attendais pas, mais que ça répondait parfaitement à la demande de l'AT.
(Non, je ne pense pas à un petit texte qui s'est rajouté à la fin de l'AT Eclosion, pour Transition, j'y pense pas du tout, pas du tout, du tout...)

Maintenant, après le recul que j'ai, et ma maigre expérience (2 AT où j'ai eu droit de vie ou de mort sur les textes, pour chez nous, c'est pas immense), je crois que le plus important, dans l'histoire pour répondre à un AT, c'est de ne pas oublier de se démarquer des autres.
Répondre au sujet tout simplement, c'est pas assez. Surtout si le thème c'est "éclosion". Raconter l'histoire d'une bêbête qui éclot, c'est mignon, mais, pensez au nombre de texte qu'on reçoit. On en a recu 25 pour cet AT. Vous voulez vraiment savoir le nombre qui racontait juste l'éclosion d'une petite (ou grosse) bêbête ?
A vue de nez, la moitié.
Et ceux que j'en ai retenu ? Celui du WTF. Les autres, j'ai oublié, mélangé toutes les bêtes ensemble, les fées, les dragons, les humains qui naissent...

Pourtant, tous ces textes, j'ai pu les apprécier. J'ai pu même les aimer et vraiment être à fond dedans. Enfin, j'aurais pu si je les avais lu sur Wattpad.
Mais j'avais un filtre enclenché.

Pour ceux qui me connaissent, j'ai écrit plus de romans achevés que de nouvelles. J'ai du mal avec le format court, et avec la réécriture. Et avec la réécriture de textes courts... J'aime la complexité, et j'aime compliquer les intrigues et les niveaux qui s'emmêlent. J'aimerais jouer avec mon lecteur, jusqu'à ce qu'il ne sache plus ou donner de la tête.
J'ai participé à seulement deux appels à textes, dont un concours public. J'aime profondement les deux nouvelles que j'ai écrites pour ces occasions. Et j'essaye souvent de comprendre si c'est juste que je ne suis pas assez mature pour l'écriture qui a fait qu'elle n'ont pas été sélectionné ou si c'est la faute à pas de chance.
J'aime pas penser à la faute à pas de chance. Parce que ce n'est pas quelque chose sur lequel je peux influer. Tandis que si je parviens à comprendre ce qui ne va pas dans ma narration, je peux l'améliorer...

Etre à la fois du coté auteur et éditeur en même temps est un exercice fascinant, je trouve. J'essaye toujours de comparer mes textes à ceux qu'on élimine d'un seul regard, ou ceux pour lequel on hésite plus longuement. Mais je crois au fond de moi que je sais très bien que l'un comme l'autre était de ceux qui ont été mis de coté tout de suite. Hors-sujet, trop compliqué et incompréhensible.

C'est un équilibre compliqué de ne pas faire la même chose que tout le monde, mais de ne pas partir complètement en live non plus.


Au final, on en revient à cette histoire de chocolat. (et là, je vais clairement expliquer pour que tout le monde puisse suivre). C'est toujours une histoire de dosage.
Un gâteau au chocolat, on peut y mettre des poires ou des amandes. Mais appelle-t-on toujours ça un gâteau aux chocolat s'il y a tant de choses qu'on ne distingue plus le chocolat dessous ?
D'un autre coté, le chocolat, c'est ce que tout le monde va mettre, c'est ce qui est requis par l'AT, mais c'est aussi les poncifs du genre, les clichés.
On veut un gâteau au chocolat. C'est ce qui est demandé par l'AT.
Les trois quartiers de pommes ou de poires, c'est de l'originalité, qui reste dans le thème. L'idée du soufflé au lieu du fondant habituel, c'est une autre forme d'originalité. (après, c'est pour continuer la métaphore gourmande, parce que je sais pas du tout ce que donnerait un soufflé au chocolat).
Mais si on se retrouve avec une tarte au pomme, avec quasiment pas de chocolat, on ne répond plus aux consignes.
Si on se retrouve avec un une tranche de rôti recouverte d'une sauce au chocolat amère, comme ils aiment, notamment au Mexique, on n'est plus non plus dans le "gâteau" au chocolat. Mais ce sera très original.

La tarte aux pommes, c'est ceux qui sont hors-thème. Mais elle peut être délicieuse, hein !
Le roti, c'est ceux qui sont hors ligne éditorial. Eux, ils sont moins aimé... tout de suite, parce que ça donne l'impression qu'ils ne cherchent pas à savoir ce qu'on attend. Ou qu'ils n'ont pas de jugeote.
(Comme envoyer des textes érotiques pour une collection tout public, y compris petite enfance... Désolé, ça passe pas)

Et après ils restent tous les autres.
Les cinquantes fondant au chocolat, le soufflé, les gâteaux plus étranges, et des fois, il faut le reconnaître, raté.
On ne sélectionne pas dix fois un fondant. On va selectionner le meilleur, celui qui est presque pas un fondant. Celui qui a des épices pour relever le gout, où une forme particulière (comme des triskels ? Okay, j'arrête les private joke)
Alors, si vous devez faire un gateau au chocolat, vous précipitez pas sur la première idée qui vous vient. Surtout pour un concours où on sélectionnera le meilleur.

Bref, sur ce mot de la faim, je vais chercher à manger...
Parce que ça creuse d'écrire des articles qui parlent de gâteau à longueur de temps...
(et je vous promets d'être un peu plus présente sur mon blog, sisisi, c'est pas une parole en l'air, j'ai des milliers de chroniques en retard...)

3 commentaires :

  1. Très intéressant. Je pense que tu pourrais en parler chez les Grenouilles, y'a matière à débat ;)

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    1. Oui, je crois aussi que je ne suis pas la seule à penser ça. Je me souviens vaguement de ce que racontais Roanne à la convention, il y a deux ans, sur les selections de comité de lecture.

      Il y avait eu un sujet sur la mare, fut un temps, d'ailleurs... J'irais peut-être bien le déterrer, si tu crois qu'il peut y avoir du public...

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    2. Tu n'as rien à perdre à tenter ;)

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